COTONOU TENÉRÉ, Terre hospitalière (immigrés du Conflit malien de 2014)

LES DUNES EN PERPÉTUEL MOUVEMENT

Je traverse un moment particulier, une quête de moi même. «Qui suis-je ?», «Qui sommes-nous ?». C’est ainsi que je replongeais dans ma plus tendre jeunesse. Jeunesse infini, jeunesse éternelle. Mais jeunesse passée quand même. Je fouille, je fouille. Et je tombe sur cette carte.

 Elle vient de l’an 2012, de ma dernière année au lycée. Regardons-bien. Il y est écrit: «Ces personnes sont en danger. Agissez». Comme dans cette quête de moi-même je me suis demandé : «Qui sont-ils?»

 « Ces personnes sont en danger. Agissez».
Qui sommes-nous donc pour agir ?
«Qui sommes-nous ?»
Une nouvelle interrogation. N’est-ce pas ?
Ma réponse, la voici: «Ce sont des anonymes, des visages, des pères, des mères, des filles et fils, des humains. » Ce sont des humains.

Et voici, Je vous présentes d’autres «anonymes», d’autres êtres humains. Ceux-ci, je les ai vu et senti. Je les ai touché. Mon appareil photo a retenu leurs visages. Réfugiés du conflit malien de 2014, ils sont ici, à Cotonou,
Carrefour Saint - Michel
Église Béthel
Pharmacie Joncquet
Ils ne sont pas à la traversée des mers,
Vers l’Occident
Ils sont bien ici.
Loin de leur Tenéré
Loin de leur désert natal.
Ils sont dans l’ailleurs
L’ailleurs qu’ils ne peuvent plus ignorer.

Et nous ? Pourquoi l’ignorons-nous ?
Pourquoi nous feignons de l’ignorer ?
Le désert est dans le Sahara.
L’oasis stagne.
Mais les dunes sont en perpétuelle mouvement.
Ce sont des nomades.
Pourtant, ils n’ont jamais été si loin.

«Qui sommes-nous ?» et «Qui sont-ils ?»
Qui sont les autres ?

©Medessè Agohoundjè, 2018